Lors de la création d’un verger, les aspects paysagers (disposition des arbres, proximité des habitations…) méritent autant d’attention que la nature du sol ou les aléas climatiques. Dans la mesure du possible, le choix du terrain doit permettre la mise en relation de ce nouvel écosystème avec les biotopes qui l’entourent (haies, bosquets, prairies extensive, etc.). Idéalement, le verger est installé sur un coteau exposé au Sud ou au Sud-est, ou sur un plateau bénéficiant d’un bon ensoleillement. Une prairie permanente installée depuis plusieurs années constitue un site idéal. Une distance minimale entre les différentes espèces doit être respectée pour des raisons pratiques et sanitaires.
1. Les situations à éviter
- Les situations humides (ou à eaux stagnantes) et ombragées (fond de vallée, proximité d’une forêt …).
- Les sols très secs et exposés au vent, ainsi que ceux qui sont peu profonds, trop calcaires ou trop acides.
- Les situations gélives en zones encaissées ou exposées au Nord-Est.
- Les parcelles très pentues entraînant un manque de sécurité lors des interventions et des difficultés de mécanisation.
- Les lieux possédant une grande diversité biologique.
Dans la mesure du possible, éviter les plantations dans des lieux possédant une grande diversité biologique. Par exemple, sur une prairie sèche, la plantation d’arbres amènera de l’ombre et aura un effet négatif sur l’équilibre de la prairie.
2. Une implantation pratique
L’implantation du verger à proximité de l’habitation en facilitera la surveillance (bon état des protections, attaques de ravageurs, vandalisme , maraude, etc.).
Pour les parcelles rectangulaires, la disposition des arbres en carré est appropriée. Lorsque la parcelle possède des angles aigus, une plantation en quinconce est préconisée pour optimiser l’occupation de la place disponible.
Il est conseillé de planter les arbres par groupe, selon l’espèce, la variété et la période de récolte afin de faciliter l’exécution des différents travaux. Il est judicieux de laisser un espace suffisant entre chaque arbre pour faciliter au maximum l’entretien avec des machines (fauche, taille, fumure…) et éviter ainsi des blessures éventuelles.
Une bonne aération de la couronne freine le développement des maladies et améliore la mise à fruit. Les pollinisateurs (abeilles, bourdons…) se déplacent plus facilement et fécondent davantage de fleurs.
Un bon ensoleillement favorise la croissance de la strate herbacée et la coloration des fruits.
Quelques principes d’aménagement pour une gestion pratique du verger :
- Les rangs sont disposés dans le sens Nord-Sud pour éviter au maximum l’ombre portée par les arbres sur l’interligne.
- Une distance de 7 mètres entre le bord du verger et la route est nécessaire afin de limiter au maximum les risques lors des récoltes et la taille des branches dépassant sur la route.
- Une distance de 5 à 7 mètres sans arbres sur le pourtour de la parcelle facilite la fauche autour des arbres.
- Les haies doivent être plantées au minimum entre 3 à 5 mètres du bord de la couronne des arbres fruitiers pour ne pas gêner les travaux (taille de la haie, récolte…) et pour éviter l’ombre portée.
- Les cerisiers sont situés sur les lignes à l’ouest de façon à bénéficier de la meilleure aération possible (vent dominant) afin de limiter la propagation de maladies.
- Placer les arbres à fort développement au nord de la parcelle et côté sud ceux qui se développent moins. Schématiquement, cela donne par ordre décroissant du Nord au Sud : noyers, cerisiers, poiriers, pommiers, pruniers, cognassiers.
3. Les distances de plantation
La distance de plantation dépend d’une part, du développement de la future couronne qui dépend lui-même de l’espèce, de la variété et de la vigueur du porte-greffe et d’autre part, de facteurs externes comme le climat, le sol ou l’exposition.
Espèces | Distance interligne | Distance dans la ligne |
---|---|---|
Cognassiers | 8 à 10 mètres | 6 à 7 mètres |
Pruniers | 8 à 10 mètres | 6 à 7 mètres |
Pommiers | 12 à 15 mètres | 9 à 12 mètres |
Poiriers | 12 à 15 mètres | 10 à 12 mètres |
Cerisiers | 12 à 15 mètres | 10 à 12 mètres |
Noyers | 16 à 18 mètres | 12 à 14 mètres |
La distance interligne doit aussi être raisonnée en fonction du matériel utilisé pour cultiver le sol. Prévoyez toujours un peu de marge en vue de l’évolution de ce matériel.
4. L’arbre et le sol
Le Prunier prospère dans presque tous les types de sol, de préférence profonds et bien drainés, il craint cependant les sols légers. Contrairement aux autres espèces, la présence de calcaire (maximum 10%) lui est indispensable. Les sols à pH acide, sec et très limoneux ne lui conviennent pas.
Le Pommier aime les sols sains et profonds, silico-argileux, limoneux avec un sous-sol perméable. Bien que plus tolérant au calcaire que le Poirier, la présence de cet élément ne doit pas être trop élevée. Il apprécie les sols frais, mais pas excessivement humides. Les sols trop siliceux sont déconseillés.
Le Poirier aime les sols silico-argileux avec au maximum 2 à 3 % de calcaire. Cette espèce ne supportant pas les excès de calcaire, il est nécessaire de la greffer sur un porte-greffe qui le supporte. Les pépiniéristes ont recours au cognassier comme porte-greffe du poirier, car il supporte mieux la présence de calcaire mais il ne permet pas de former des arbres de haute-tige.
Le Cerisier se porte bien sur tous les sols, sauf s’ils sont trop argileux et imperméables. Ne craignant pas le calcaire, cette espèce convient parfaitement à la mise en valeur des sols pourvus en cet élément.
Le Cognassier préfère les sols légers et frais, mais sans être humides. Les fruits sont moins bons en sols acides.
Le Noyer s’accommode à tous les sols, bien qu’il redoute l’argile, les terrains compacts et l’eau stagnante. Les sols d’alluvions, caillouteux ou pierreux lui sont particulièrement favorables.
Pour préparer vos plantations, vous devrez faire des compromis entre ces divers facteurs. Vous pouvez par exemple privilégier la densité d’arbre ou le travail du sol. Si vous souhaitez planter un fruitier et que vous hésitez dans le choix de la variété, demandez conseil auprès d’une association de préservation des variétés (Croqueurs de Pommes en France, Rétropomme et ProSpecieRara en Suisse) ou auprès de pépiniéristes fruitiers.
Pour en savoir plus…
Ouvrages consultables à Vergers Vivants (F) ou à la Fondation Rurale Interjurassienne (CH) : – Le pré-verger pour une agriculture durable – F. Coulon, P. Pointereau, I. Meiffren (Ed. Solagro) – La culture biologique des vergers haute tige – FiBL / SRVA 2000 ; n°5.2.4. – Atlas d’arboriculture fruitière – volumes 1 à 4 – J. Bretaudeau et Y. Faure. – Verger haute tige diversité-paysage-patrimoine – SRVA 1998. Sites Internet www.retropomme.ch www.croqueurs-de-pommes.asso.fr www.arboretum.ch www.prospecierara.ch Conseils à la Fondation Rurale Interjurassienne (CH) et à Vergers Vivants |
Réalisé dans le cadre du Programme de coopération territoriale européenne INTERREG IV France-Suisse 2007-2013
FT3_plantation_web